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Plantes médicinales et biotechnologies : moteur de la nouvelle économie ?
Jean-Marie Pelt
Institut Européen d'Ecologie, Metz, France
En 1980 la Cour Suprême des Etats-Unis préconisait à l'Institut Américain pour la Propriété Industrielle d'accorder un brevet à une bactérie génétiquement modifiée. Ce jugement fit jurisprudence et posait les bases juridiques de l'appropriation de la Vie, désormais, considérée comme une marchandise. Il déclenchait en même temps un rush extraordinaire des entreprises de biotechnologies, désirant s'approprier au plus vite les précieux brevets qui leur permettraient d'accéder à de nouveaux marchés, évalués à des milliards de dollars...
Elargissant la brèche, en 1987, l'organisme américain attributaire de brevets déclarait que tous les organismes vivants multicellulaires, hommes et animaux compris dans leurs organes et dans leurs gènes, étaient potentiellement brevetables. Le champ d'application de ces brevets est parfois très large attribuant un réel et complet monopole d'une seule multinationale sur une espèce vivante.
Bref poursuivant une logique exacerbée par l'ultra-libéralisme, toutes les créatures naturelles sont devenues des marchandises, appropriables et négociables à merci.
Dans le monde entier, des voix s'élèvent, toujours plus nombreuses, pour contester de telles pratiques, Est-ce acceptable de poursuivre le pillage insensé des ressources du Sud au seul profit de quelques multinationales de plus en plus concentrées, qui imposent déjà leurs lois et surtout leurs prix sur les marchés. Jusqu’où ira ce défi prométhéen ? Quelles en seront les conséquences pour l'Homme, la Nature et la Vie ? L'avenir seul le dira. Un avenir sur lequel nous comptons peser de tout notre poids pour que soient garantis les droits et les chances des ethnies détentrices des savoirs traditionnels ainsi que des générations futures.
Medicinal plants and biotechnologies a booster for a new economy?
Jean-Marie Pelt
Institut Européen d'Ecologie, Metz, France
In 1980, the US Supreme Court allowed the American Institute for Industrial Property to grant a patent for a genetically modified bacteria. This judgement set a precedent and a legal basis for the appropriation of life, thus considered a merchandise. So, firms of biotechnology rushed to take over the precious patents, which would allow them to find new markets, worth billions of dollars. In 1987 the Institute widened the field of action and declared that all multicellular living organisms, human or animal, organs and genes, were potentially patentable. In consequence a multinational company may monopolize a living species and use it for different applications.
In the wake of this ultra-liberal logic all natural beings have become merchandises negotiable without limits. In the whole world more and more people protest against these actions. Can we accept this senseless pilferage of natural resources in the South for the sale profit of multinational companies who are already imposing their laws and prices on the market? How long will this Promethean challenge last? What will the consequences be for Man, Nature, Life? The future will say. A future we intend to preserve for the sake of ethnies owning traditional knowledge and the sake of future generations.
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